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par Christophe Teissier

F. Eymard-Duvernay, Le travail dans l’entreprise : pour une démocratisation des pouvoirs de valorisation, in « L’entreprise, formes de la propriété et responsabilités sociales », Editions Lethellieux, Colloques, Collèges des Bernardins, 2012

Réintroduire de la politique dans l’économie, c’est bien l’orientation générale de cette intervention qui fait ainsi écho aux travaux menés de longue date par son auteur, économiste de renom. L’hypothèse au départ des réflexions présentées est la suivante : « l’intensification de la concurrence entre les entreprises à partir des années 60-70 (mondialisation, diversification des biens et services, accélération de l’innovation) ; puis la domination de la finance à partir des années 70-90 (financiarisation) ont systématisé et « durci » les processus d’évaluation dans le sens d’un accroissement des inégalités, générateur de tensions sociales et débouchant sur une crise des entreprises et du travail ».

 

Dans ce cadre général, la question posée ici est celle de l’évaluation du travail, prise au sein d’un ensemble d’opérations d’évaluation interdépendantes (appliquées aux personnes, biens et services, organisations, etc….). Cela justifie de s’interroger sur la démocratisation de l’entreprise. Les processus d’évaluation sont en effet structurés par des pouvoirs politiques par nature, incluant celui des entreprises. Celles ci exercent un pouvoir de valorisation des biens et services mais aussi du travail. A quelles conditions peuvent -elles échapper à une conception purement contractuelle de l’entreprise qui conduit à ignorer les dimensions proprement sociales et politiques du travail ?

 

Pour répondre à ces interrogations, l’auteur analyse en premier lieu en regard d’une vaste littérature, à la fois la légitimité et l’efficacité des institutions économiques. Il mobilise ensuite la notion de « pouvoir de valorisation » et appelle à sa prise en compte Il s’agit par là de remettre le politique au cœur de l’évaluation : dire ce qui est vaut en situation de coordination et en déduire un partage juste des ressources collectives. Sur ces bases, il devient possible d’aborder la délicate question de la démocratisation de l’économie et de l’entreprise.

 

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