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L’Europe est-elle en train d’accoucher enfin de solutions durables susceptibles de mettre un terme à une spirale descendante ? On commençait à y croire au vu du dernier sommet européen qui avait débouché sur des compromis acceptables pour l’Italie et l’Espagne, et sur les mécanismes de stabilité, le pacte de croissance, la supervision bancaire ou la souveraineté budgétaire. Mais le doute perce derrière les pétitions allemandes, les réticences néerlandaises ou finlandaises et le projet de  référendum britannique sur les liens avec l’UE (notamment pour la partie sociale)… S’il est vraisemblable que tout ceci « passera », l’inverse n’est pas, ou n’est plus exclu. Le scénario d’une Europe à plusieurs vitesses que même François Hollande a endossé, gagne désormais en crédibilité : faut-il s’en réjouir ?

 

Coïncidence ? La saga de la finance, comme la saga européenne, continue. Les scandales récents sur la manipulation de taux interbancaires montrent  combien le jeu était partagé par la plupart sinon par l’ensemble des grandes banques. Nous sommes encore loin de l’assainissement dont les pays du G20 s’étaient faits les hérauts en 2008 ou en 2009. La supervision bancaire projetée par l’UE aura-t-elle aussi pour objet ou, pour effet,  d’encadrer l’industrie financière ? Il est là aussi permis d’en douter…  La plupart des responsables politiques du continent semblent développer plus de zèle pour réformer les marchés du travail et leurs supposées rigidités que les marchés financiers !

 

Et le rôle de la France dans tout cela ? S’il est indéniable que l’élection de François Hollande a changé la donne et rééquilibré les termes du débat, les résultats concrets sont encore minces et ne pourront s’apprécier que dans la durée. Le projet européen du nouveau gouvernement reste d’ailleurs assez flou dès que l’on aborde les questions de souveraineté, alors qu’à l’évidence on ne peut parler mutualisations sans parler de leurs instruments politiques.

 

Saisir l’opportunité de la crise

En matière sociale, François Hollande a choisi. C’est par la technique d’une « grande conférence sociale », avec ses sept tables rondes, ses 300 participants, qu’il a décidé d’aborder les temps difficiles – il va bien falloir réduire la dette publique – et les réformes structurelles. La feuille de route qui en est issue est fournie et ambitieuse. Elle va du développement de l’emploi à la modernisation de l’action publique en passant par l’avenir des retraites, la qualité de vie au travail, l’égalité professionnelle, la formation tout au long de la vie et le redressement productif. Peu d’annonces, mais des négociations, des task forces, des groupes de travail. La rupture avec la présidence précédente est nette. L’obligation de résultats est d’autant plus forte. La méthode a bien des avantages. Espérons que le contexte interne et externe ne vole pas à cette approche le temps nécessaire à sa mise en œuvre. « Impossible pacte social à la française ? » titrait un grand quotidien du soir. Impossible n’est pas français, est-on tenté de lui répondre.

 

Car la crise qui pourrait être salutaire à l’aventure européenne pourrait bien l’être aussi pour la France. Elle force à penser l’impensable, à faire l’infaisable. Elle donne du courage à ceux qui n’en avaient pas ou n’en avaient plus. Elle promet de nouveaux compromis. Bien entendu rien n’est sûr en ce domaine. Mais encore une fois, tout est possible. Il y a des occasions à ne pas rater. Celle-ci en est une…

 

Quoi d’autre ? Eh bien bonnes vacances à toutes et à tous. La prochaine newsletter de Metis vous parviendra fin août et nous vous réservons quelques (bonnes) surprises.

 

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