4 minutes de lecture

Cet - couleur

 A l’heure où le chômage des jeunes bat des records en Europe, l’émigration revient en force. Qu’il s’agisse des jeunes Espagnols, Grecs ou Portugais, le mouvement est en marche ! Pour beaucoup de ces pays, la réalité n’est pas nouvelle. Mais, alors qu’on la croyait révolue et propre aux générations précédentes, la voici qui se réinstalle. Les pays du Sud européen ne sont pas les seuls concernés. Depuis les années 90, c’est le cas de très nombreux pays de l’Est qui ont connu des émigrations massives, pour la plupart intra européennes, le Royaume Uni et l’Irlande voyant débarquer par centaines de milliers Polonais et Baltes, jeunes et moins jeunes. Les crises et l’espoir d’une situation meilleure ont depuis fort longtemps généré des mouvements migratoires. L’Europe a été longtemps une terre d’émigration avant de devenir une terre d’immigration. A ces raisons s’ajoutent aujourd’hui l’existence même de l’UE qui a favorisé – pour les citoyens de ladite Union – la liberté de circulation, le droit de résider et de travailler, les programmes d’échanges, l’apprentissage des langues, la référence à des valeurs et des normes communes. Dans une interview à la BBC, Angela Merkel n’a-t-elle pas « explicitement conseillé aux 3,6 millions de jeunes chômeurs de la zone euro d’être prêts à voyager pour trouver du travail, comme l’Union européenne le leur permet et comme le projet européen dans son ensemble les y encourage » ? Faut-il s’en réjouir ? S’en désoler ? La réponse n’est pas simple. Bouger et se mêler ont sans doute quelque chose de bon, les voyages forment la jeunesse et, si en plus cela peut aider à résoudre des problèmes d’emplois, on ne voit pourquoi il faudrait crier au loup. Mais l’on a aussi raison de s’inquiéter  en raison du renforcement de déséquilibres déjà compliqués à gérer : une Allemagne toujours plus forte, des pays du Sud encore plus faibles, les uns toujours plus vieillissants et d’autres plus dynamiques… Et ce d’autant que les pays d’origine, à l’instar de l’Italie ou des pays de l’Est, ont déjà une démographie fatiguée. Ces migrations les renvoient donc aux promesses que ceux-ci sont capables de faire – et de tenir- face aux plus jeunes. Il ne s’agit donc pas seulement de la capacité à offrir un emploi, ce qui n’est pas négligeable, mais à offrir une perspective, ce qui l’est encore moins. De ce point de vue-là, y a du boulot. On le comprendra aisément, la France n’est pas absente de ce questionnement. Une tribune publiée très récemment aux USA fait aujourd’hui scandale. Intitulée « The Best Hope for France’s Young ? Get Out » (« Le meilleur espoir des jeunes Français ? Partir ») elle incite les jeunes Français à partir, « pour voir comment les choses fonctionnent dans d’autres cultures », afin, en revenant, de « réinjecter un peu de l’énergie et de l’enthousiasme qu’ils ont absorbés ». Certes, l’émigration est à ce jour quantitativement limitée. Mais c’est dans la tête que les choses se passent et qu’il est devenu palpable qu’elles bougent. Et si tout ou partie d’une génération ne peut se projeter qu’ailleurs – au passage c’est en partie le cas des jeunes des banlieues – ou ne pas se projeter du tout, les risques sont élevés. Il y va de ces frustrations comme de la poudre : au-delà d’une certaine quantité il ne manque que la mèche ! Contrat de génération disait-IL… ? PS Depuis le 1er juillet, la Croatie est membre du « club ». Espérons qu’elle ne regrette pas son choix et que ce nouvel élargissement ne fasse pas l’impasse comme ce fut le cas avec les adhésions précédentes sur l’approfondissement  

Print Friendly, PDF & Email
+ posts

Haut Commissariat à l'engagement civique