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triomphe

Ce petit édito de rentrée pour espérer que l’été vous a été profitable, qu’il vous a permis de respirer, de de prendre du champ et du bon temps. Notre planète, elle, n’a pas connu de pauses. Ses secousses récentes sont d’une rare intensité et leurs répercussions – en particulier sur notre petite Europe – multiples !

 

Prenons la Chine et le ralentissement de son économie chinoise, baptisé par le régime de Pékin de « nouvelle économie normale ». Ce qui se passe dans l’Empire du Milieu en dit long à la fois sur la fragilité du système mais aussi sur les interdépendances qui nous lient à lui désormais. Lorsque celui-ci tousse, nous prenons froid ! Qui l’eût cru il y a encore 20 ans ? La France, L’Europe et bien d’autres sont devenus sino-dépendants, en matière industrielle, financière, et même touristique ! Cette situation, structurelle, n’est pas sans conséquence sur de multiples aspects sociaux : sous-traitance, emploi, partie prenantes, gouvernance, normes communes. Comment réguler cette relation nouvelle et pas forcément équilibrée ? L’OMC, l’OIT sont-ils des lieux pertinents ? Offrent-ils des cadres adéquats ? Les réponses sont tout sauf évidentes. Mais il va bien falloir s’y atteler.

 

Prenons ensuite la crise migratoire actuelle. Certains ont voulu croire qu’il s’agissait de questions lointaines et que d’autres n’avaient qu’à s’en débrouiller : les Italiens, les Grecs… On a multiplié les murs, les barbelés…. En vain. Les conflits et les inégalités du monde nous rattrapent désormais. Et ce qui se passe à Calais n’est sans doute qu’un début… Si les réponses à apporter ne sont pas faciles et le contexte européen peu porté à l’hospitalité, le rejet entre Etats des responsabilités – et des réfugiés – est, lui, aussi irresponsable que pitoyable. Les migrations sont devenues en peu de temps un défi majeur pour une Union qui ne s’y est pas préparée et qui est mal outillée. Mais il est une certitude : à défaut de réponse européenne appropriée et coordonnée, il n’y aura aucune solution soutenable.

 

Un mot enfin sur le climat. C’est un peu comme les migrations : on a longtemps vu ces questions comme lointaines à la fois dans le temps et dans l’espace. Mais les choses s’accélèrent. Et chaque montagnard peut désormais constater que la fonte des glaciers est devenue palpable ! Le réchauffement climatique est quant à elle une question planétaire par excellence qui se joue des frontières et des Etats. Elle nous oblige à penser le monde. Et de ce point de vue les contributions attendues des parties prenantes – dont celles des Etats – à la fameuse COP 21 qui se tiendra à Paris à la fin de l’année seront cruciales.

 

Parmi celles qui sont déjà sur la table, l’une a ceci de particulier qu’elle porte non sur des engagements, mais sur une vision. Il y est question d’écologie intégrale et donc de multiples dimensions, dont celle du travail. Extrait : « Dans n’importe quelle approche d’une écologie intégrale qui n’exclue pas l’être humain, il est indispensable d’incorporer la valeur du travail. Si nous essayons de considérer quelles sont les relations adéquates de l’être humain avec le monde qui l’entoure, la nécessité d’une conception correcte du travail émerge, car si nous parlons de la relation de l’être humain avec les choses, la question du sens et de la finalité de l’action humaine sur la réalité apparaît.(…) C’est pourquoi, dans la réalité sociale mondiale actuelle, au-delà des intérêts limités des entreprises et d’une rationalité économique discutable, il est nécessaire que l’on continue à se donner comme objectif prioritaire l’accès au travail…pour tous (…) Pour qu’il y ait une liberté économique dont tous puissent effectivement bénéficier, il peut parfois être nécessaire de mettre des limites à ceux qui ont plus de moyens et de pouvoir financier. Une liberté économique seulement déclamée, tandis que les conditions réelles empêchent beaucoup de pouvoir y accéder concrètement et que l’accès au travail se détériore, devient un discours contradictoire qui déshonore la politique ».

 

Ce texte, dont bien des passages sont par ailleurs discutables, est signé par un certain François. Il vaut le coup que l’on s‘y arrête, quelles que soient nos croyances respectives. Et ce, pour au moins une raison : rares sont les institutions porteuses aujourd’hui d’une vision planétaire incorporant une dimension sociale exigeante.

 

C’est peut-être là un des problèmes de l’Europe d’aujourd’hui : son incapacité à faire face à ses problèmes « internes » n’est pas sans rapport avec sa difficulté à concevoir son rapport au monde et aux autres. Et cela vaut pour les questions sociales qui pour la plupart sont désormais des questions globales.

 

Bonne rentrée à toutes et à tous !

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