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Vous, lecteurs attentifs des écrits de la DARES, ce fleuron du ministère du Travail, l’auriez-vous deviné ? La DARES n’est pas seulement peuplée de statisticiens mais aussi de « poètes qui consument leurs jours en d’austères études ». La preuve :  la nouvelle publication de la DARES s’intitule tout simplement PoEm. Non, ne rêvez pas plus longtemps : PoEm n’est pas une variation baudelairienne mais la nouvelle publication qui retrace en un unique document mensuel les « Politiques d’Emploi ».

Saluons sans hésiter cette nouvelle formule : elle est remarquable. Une fois par mois, nous y trouverons la totalité des mesures de politique d’emploi que le ministère gère de même que celles que l’Etat a déléguées aux conseils régionaux.

On a beau être un familier de longue date de ces actions du ministère du Travail, avoir suivi leurs développements, leurs abandons, leurs retours à des formules déjà éprouvées, leurs innovations, peu d’entre nous – que ceux dont je minimise les connaissances et les compétences me pardonnent – ont sans doute présente à l’esprit la diversité des formes qu’emprunte l’action du ministère en direction de ses différents publics : jeunes entrant sur le marché du travail avec le besoin d’un soutien spécifique, demandeurs d’emploi à la recherche d’une formation, publics en difficulté importante, employeurs situés dans des zones prioritaires à divers titres. Il y a là une parfaite illustration des réponses à la segmentation des publics et des territoires que le ministère a identifiés au cours de ces dernières décennies et auxquels il veut apporter une réponse calibrée sur leurs besoins.

Ce sont ainsi vingt ensembles de mesures, dont certains se déclinent en plusieurs sous-ensembles, que le ministère gère actuellement. L’accompagnement des jeunes est celui qui a mobilisé le plus d’imagination et généré le plus grand nombre d’actions adaptées. La panoplie d’actions de formation est elle aussi très diversifiée, faisant intervenir l’Etat, les conseils régionaux, les OPCA (maintenant OPCO), l’AGEFIPH. L’insertion par l’économique constitue elle aussi un ensemble important aussi bien par le nombre de bénéficiaires que par les formes qu’elle prend. Les aides à la personne concernent elles aussi des effectifs impressionnants. Les aides aux chômeurs créateurs d’entreprise concernent des effectifs massifs. Enfin des actions très pointues pour des zones de revitalisation visent à inciter les employeurs à oublier les comportements spontanés d’éviction qu’ils mettent habituellement en œuvre.

Pour chacune de ces mesures, c’est toute une batterie d’indicateurs qui nous est offerte avec les entrées chaque mois et le stock des bénéficiaires en fin de mois entre secteur marchand et non marchand. Les séries portent sur l’année en cours et les trois années précédentes. Cela permet de visualiser l’obsolescence de mesures qui connurent leur heure de gloire puis tombèrent en disgrâce ou s’éteignirent lentement du fait des transformations du marché du travail. A côté des colonnes de chiffres, les graphiques aèrent cette encyclopédie passionnante, mais assez austère.

Et pour finir une suggestion. En voyant l’ampleur de ces actions, les centaines de milliers, les millions de bénéficiaires si l’on additionne tout, et voyant en même temps les rigidités du chômage de masse, on aimerait pouvoir mettre en vis-à-vis les moyens financiers qu’elles mobilisent. Dans l’esprit de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) qui devait rénover les termes de la décision publique et du débat parlementaire, la mise en regard des actions menées et des moyens consommés nourrirait utilement les réflexions citoyennes.

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Universitaire spécialisé en finances publiques (et en histoire des idées politiques), je suis appelé au ministère du Travail en 1974 pour y créer un département d’études permettant d’adapter le budget à l’explosion du chômage. Très vite oubliées les joies subtiles du droit budgétaire et du droit fiscal, ma vie professionnelle se concentre sur les multiples volets des politiques d’emploi et de soutien aux chômeurs. Etudes micro et macro économiques, enquêtes de terrain, adaptation des directions départementales du travail à leurs nouvelles tâches deviennent l’ordinaire de ma vie professionnelle. En parallèle une vie militante au sein d’un PS renaissant à la fois en section et dans les multiples groupes de travail sur les sujets sociaux. Je deviens en 1981 conseiller social de Lionel Jospin et j’entre en 1982 à l’Industrie au cabinet de Laurent Fabius puis d’Edith Cresson pour m’occuper de restructurations, en 1985 retour comme directeur-adjoint du cabinet de Michel Delebarre. 1986, les électeurs donnent un congé provisoire aux gouvernants socialistes et je change de monde : DRH dans le groupe Thomson, un des disparus de la désindustrialisation française mais aussi un de ses magnifiques survivants avec Thales, puis Pdg d’une société de conseil et de formation et enfin consultant indépendant. Entre-temps un retour à la vie administrative comme conseiller social à Matignon avec Edith Cresson. En parallèle de la vie professionnelle, depuis 1980, une activité associative centrée sur l’emploi des travailleurs handicapés qui devient ma vie quotidienne à ma retraite avec la direction effective d’une entreprise adaptée que j’ai créée en 1992.