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La confédération lituanienne des industriels voudrait bien crever le plafond… Les employeurs ont récemment demandé à leur gouvernement de pouvoir allonger la semaine de travail jusqu’à 60 heures. Actuellement, la Lituanie, comme 14 Etats européens dont la France, s’aligne sur les maxima autorisés par Bruxelles. La durée maximale de travail en Europe est en effet limitée par une directive de 1993 à 48 heures hebdomadaires. Mais la réglementation européenne précise aussi que les Etats sont autorisés à dépasser les 48 heures si les travailleurs consultés donnent individuellement leur accord. Ainsi, la Grande Bretagne a choisi de recourir à cette clause de renonciation dite d’opt out.

L’initiative lituanienne intervient au moment où un bras de fer oppose les Etats sur une modification de ces règles. En effet, depuis septembre 2004, la Commission européenne a entrepris de modifier la directive de 1993, ce qui déclenche de fortes oppositions. Principal point de discorde : la possibilité de déroger à la limite maximale hebdomadaire de 48 heures à travers notamment l’opt out. En 2005, les députés du parlement européen ont rendu un avis dans lequel ils réclament la suppression de l’opt out en 2010. Mais en conseil des ministres de l’UE, impossible de trouver un accord. Ainsi, le 7 novembre, une minorité de blocage, constituée notamment de la France, de l’Espagne et de l’Italie a refusé d’accepter un compromis qui ne fixerait pas de date précise pour la disparition de l’opt out. Dans le camp adverse, la Grande Bretagne fait bloc avec la plupart des gouvernements des dix nouveaux Etats membres pour obtenir une plus grande flexibilité.

En Lituanie, le projet de la confédération industrielle a suscité un mouvement de protestation des syndicats. Aucune décision d’allongement à 60 heures n’a été prise par le gouvernement qui entrerait en infraction avec la directive de 1993 toujours applicable. Mais la pression pour accroître la flexibilité au travers du temps de travail est bien loin de se relâcher. Si la réduction du temps de travail est déjà un vieux souvenir, ne nous y trompons pas. Comme le montre le tableau qui suit, les durées légales ou conventionnelles hebdomadaires ne signifient plus grand chose. En 2004, les Français travaillaient en moyenne 41 heures pour une durée légale de 35 heures alors que les Lituaniens ne faisaient que 39,8 heures pour une durée légale de 40 heures. Jusqu’où développer la flexibilité et avec quelles contreparties, tel est bien le véritable enjeu.

Cette flexibilité signifie autant le développement du temps partiel subi que le déplafonnement des heures supplémentaires pour mieux coller à la fluctuation des activités. Dommage que certains politiques occultent le véritable enjeu au profit d’anathèmes ou autres considérations idéologiques fort éloignés des réalités.

Laurène Fauconnier et Frédéric Rey


Temps de travail des pays de l’Union européenne
 
Pays Durée légale ou conventionnelle moyenne de temps de travail Durée maximale autorisée du temps de travail par semaine Nombre d’heures travaillées par semaine Nombre de jours fériés par an
Allemagne 37
48
41,7
9
Autriche
38,8
40
44,1
13
Belgique
38
48
41
12
Chypre
38
48
41,8
17
Danemark
37
48
40,5
11
Espagne
38,5
40
42,2
9
Estonie
40
40
41,5
12
Finlande
37,5
40
40,5
14
France
35
48
41
11
Grèce
40
48
44,1
13
Hongrie
40
48
41
12
Irlande
39
48
40,7
11
Italie
38
48
41,3
11
Lettonie
40
40
43
11
Lituanie
40
48
39,8
10
Luxembourg
39
48
40,9
11
Malte
40
48
41,2
14
Pays-Bas
37
48
40,8
9
Pologne
40
40
42,9
12
Portugal
38,3
40
41,6
12
République tchèque
38
40
42,7
12
Royaume-Uni
37,2
48
43,1
8
Slovaquie
40
40
41,6
15
Slovénie
40
40
42,5
18
Suède
38,8
40
41,1
11
UE
38,6
44,48
41,9
11,92

touteleurope.fr/…/comparatif-sur-le-temps-de-travail.html

Statistiques EIRO (Observatoire européen des relations industrielles) 2004

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