Alors ces vacances ? En forme ? Et cette rentrée ? Metis comme vous l’avez vu s’est accordé quelques semaines de repos. Et ça nous a fait grand bien. Grand disais-je… Car tel est le premier mot d’un film marquant sorti en France il y a une semaine. Grand et central, puisque ce film tient en deux mots qui font mouche. Et dont en guise d’édito j’ai choisi de vous parler.
Trois histoires s’emmêlent donc ici. Celle de ces sous-traitants du nucléaire, au cœur du système, à la périphérie de nos soucis et de nos « cadres ». Confrontés à la dose ils sont les héros, à la fois gentils et méchants, rustres et délicats, travailleurs et jouisseurs. Sans eux, ni centrale, ni énergie. Acrobates, ingénieux, téméraires, ils œuvrent dans les métiers les plus risqués et en prennent plein la gueule, au propre comme au figuré. Certains sont là depuis longtemps, d’autres ne font que passer, certains y croient, d’autres pas mais tous crèvent l’écran. Et là où le film fait très fort c’est dans l’absence des autres : travailleurs statutaires, managers et directeurs. Un formateur, un médecin, et c’est à peu près tout ce que l’on voit des autres. Autrement dit s’opère ici un renversement de ceux qui, au travail, habituellement visibles et audibles, deviennent ici invisibles et silencieux au profit des autres si souvent dépourvus de statut, de visages, de parole. Mais chez ces sous-traitants du nucléaire, s’inscrit un autre récit, celui de ces jeunes, précaires, sans diplômes, aux trajectoires scolaires, familiales, perturbées et qui en veulent. Dépourvus de ressources, comme de nombreux codes, ils vont devoir s’intégrer au travail comme dans ces « communautés » de vie dont ils vont devoir apprendre les règles mais qu’ils vont aussi perturber par leur jeunesse, leur culot, leur beauté. Il y a enfin, une troisième histoire, plus classique : celle d’un amour naissant, dans une relation triangulaire mêlant le professionnel et le personnel, les plus jeunes et les moins jeunes. Histoires d’amour ou de sexe passionnées, irradiantes.
Grand et central donc, ce film l’est par ce qu’il raconte du monde du travail d’aujourd’hui, par les émotions qu’il fait naître, par la dureté et la beauté du récit, des acteurs, du travail, des sentiments. Il donne la parole, et avec quel talent mais aussi sans concession, aux sans voix, au plus jeunes. Tourné en Autriche dans une centrale nucléaire à l’arrêt, ce film en dit long sur la France d’aujourd’hui, ses atouts, ses peurs, ses hommes et ses femmes, son système, sa débrouille. Il complète – le mot est faible – ce que nous avons maintes fois évoqué dans nos articles et dossiers sur la sous-traitance, les jeunes, le nucléaire, le détachement et j’en passe. Alors, bonnes semaines à toutes et à tous et…bon film ! Et n’oubliez pas notre dossier expertise et syndicalisme,nos analyses sur Prism et consorts,, sur Emmaüs et l’économie solidaire ou encore sur le bilan socila de l’UE.
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