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La grève du 1er février à l’appel des fédérations syndicales CFDT, CGT, CGT-FO de la distribution, aura été, par le degré de mobilisation qu’elle a suscité, une surprise autant pour le patronat, les syndicats que peut-être pour le personnel lui même. Ainsi le conflit emblématique du Carrefour de Marseille, qui a duré seize jours, dans un secteur où la faiblesse des rémunérations est telle que la perte d’un demi mois de salaire rapproche du seuil même de survie, informe d’une combativité de desperados. Rejoignant une sensibilité toute particulière de l’opinion sur le thème du pouvoir d’achat, et bénéficiant dès lors d’une popularité acquise sans difficulté, cette combativité ne peut laisser indifférent un gouvernement pris au piège d’une « présidence du pouvoir d’achat ».
Dans la Distribution où le temps partiel concerne de l’ordre 40% du personnel pour une moyenne de 30 h hebdomadaires, le supposé miracle des heures supplémentaires ne concerne pas le personnel, pointant ainsi leur précarité tout en la révélant à l’opinion, via ce qu’elle apprendra de la sortie de conflit : 0,45 euros d’augmentation du ticket restaurant et 2 à 3 heures complémentaires de temps partiel. Le regard sur les caissières dans les queues de sortie des hypermarchés devrait s’en trouver quelque peu transformé comme la nécessité d’augmenter leur nombre aux caisses.
Dans ce climat de très forte sensibilité au pouvoir d’achat, pas moindre dans le privé que chez les fonctionnaires, la goutte d’eau du conflit de la distribution, de par sa force symbolique, représente peut être pour la stabilité sociale, un de ces signes faibles dont on constate a posteriori, qu’ils ont été déclencheurs de possibles grandes colères et dont la gestion peut s’avérer beaucoup plus compliquée que celle des régimes spéciaux.

Henri Vacquin

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