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Très bonne année 2010 à toutes et à tous ! Feliz año nuevo (1) ! Qu’elle soit une merveilleuse occasion de prendre soin de vous et des autres ! 2009, inaugurée sous le signe de la crise financière et de la montée du chômage, s’est terminée sur un sommet de Copenhague a priori décevant et des suicides à France Telecom qui ont secoué bien au-delà de l’hexagone. Alors 2010, année du renouveau ?

 

Revenir sur le travail, comme beaucoup le voudraient, suppose de revenir sur une crise profonde, multidimensionnelle, imbriquée dans des enjeux environnementaux, économiques, financers et sociétaux tous dotés d’une dimension mondiale qui ne facilitent pas sa résolution. Les enjeux liés à notre écologie sont déterminants sans pour autant amener à mettre la question du travail sous le boisseau. D’ailleurs les organisations et modes managériales des 20 dernières années n’étaient-elles pas et ne restent-elles pas liées à un mode productif très peu durable ? Mais de là à tirer les leçons de la crise… la route est encore longue ! En lieu et place d’une interrogation sur le management, les organisations, le pouvoir dans l’entreprise, on assiste plutôt à la multiplication des psys et autres cellules d’écoute. Ceci va de pair avec l’écho très français de la souffrance au travail : cet énoncé, ou plutôt ce « dénoncé », où nous emmène-t-il ? Ne faudrait-il pas revenir sur ces indicateurs de performance qui n’indiquent rien, sur ces SAP & co qui lobotomisent le management, sur tous ces procédés qui font que dans l’entreprise, on ne voit, ni n’entend plus ?

 

 Il faut sans doute tisser un parallèle entre l’interrogation sur les indicateurs de croissance, comme nous y invitent dans notre dossier Dominique Méda et les indicateurs à l’œuvre aujourd’hui dans l’entreprise. Souhaitons donc que sur la route d’un développement plus respectueux de la Terre et des nouveaux modèles qu’il nous faut inventer, on ne fasse pas l’impasse sur ce qui s’est mis en place du côté du travail. Car tout est lié et les acteurs sociaux ne peuvent que devenir sociétaux et réciproquement, sous peine de se voir définitivement dépassés. Il ne s’agit pas comme Merkel, Berlusconi, Sarkozy, Barroso et même Obama, pour ne pas parler des leaders indien, chinois et autres, d’aller parader – enfin plutôt patiner – à Copenhague, mais d’être à la hauteur. Relisez ce que dit ce philosophe admirable qu’est Michel Serres (1) sur Copenhague et vous comprendrez que le compte n’y est pas et de loin.

 

Pour notre part, nous continuons notre patient labour. Ce mois-ci nous nous posons la question de la consommation et du client dans leur rapport au travail. L’avenir est-il au consommateur responsable, consomm’acteur malgré lui, consommant plus durable et achetant plus équitable ? A un client majeur et doté de droits d’agir individuellement et collectivement à travers des class actions dont on voit les hésitations en France comme dans l’UE ? Si le consumérisme politique s’est largement transformé, le « client » est, lui, devenu un élément structurant des relations de travail comme le montre une étude européenne et nous peinons à en tirer les conséquences. Et il n’est plus du tout certain que le client-roi soit encore à la mode : voyez-ce qui se passe du côté des nouveaux modèles bancaires qui prennent semble-t-il la voie du « low cost ».

 

Sur ces points comme sur d’autres, Metis vous invite à un regard critique et prospectif. Pour reprendre des propos tenus il y a quelques années par un ami « l’atonie que l’Europe connaît en ce moment s’explique par cette singulière paresse intellectuelle dans laquelle nous vivons depuis quelques décennies : gérer, éviter de repenser ». Et voilà qu’aujourd’hui se vérifie pour la Terre comme pour le travail cette affirmation du philosophe allemand Walter Benjamin : « la force des choses conduit à la catastrophe ». L’explosion des conditions du travail et des questions écologiques – l’eau, l’air, la terre, le feu, les vivants – doit nous inciter à réviser nos approches. Dans La belle Hélène d’Offenbach (3), le Roi Ménélas dit, en parlant d’Hélène: « n’anticipons pas ». C’est pourtant ce que nous avons fait ces derniers temps en cherchant à déchiffrer ce qui pourrait se dégager des tendances du passé. Une autre posture pourrait – ou plutôt devrait – nous conduire à retravailler sur les données, dégager les possibles mais surtout identifier le(s) souhaitable(e). Bref, en 2010 prospectons plus et anticipons moins ! 

(1) Honneur à la présidence espagnole de l’UE qui doit désormais composer avec un Président stable – M. Van Rompuy – et une Haute Représentante pour les relations extérieures, Mme Ashton

(2) Michel Serres, Le temps des crises, Editions Pommier

(3) Pour les fêtes , je ne résiste pas à vous proposer cet extrait 🙂

 

 

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