Etranges étrangers

Mai 2018. Deux livres-manifestes sortent, Noire N'est pas mon métier et Vaincre Nos peurs et tendre la main. Ils dénoncent la « peur au carré » qui se propage et pousse à exclure plutôt qu'à accueillir, à trier entre les humains pour mettre à distance ceux qui le seraient moins. Ces livres émanent d'univers très différents et s'alarment de situations dont certaines sont assurément plus dramatiques. Ils disent tous les deux notre incapacité, celle des sociétés occidentales, à être hospitaliers ou simplement fraternels envers ces « étranges étrangers », qu'ils viennent du bout du monde ou soient nés ici. Ils disent aussi « qu'une nouvelle société est en train de naître qui refuse d'être acculée à la peur », et que « nous n'avons que les chaînes de nos préjugés à perdre ».

La surface de réparation

Frank sait tout faire. Comme ces nouveaux concierges qui s'installent en entreprise, dans les quartiers ou les villages, il peut nourrir l'animal de compagnie en l'absence du propriétaire, trouver in extremis un cadeau pour le père négligent qui part fêter l'anniversaire de son fils, accompagner chez un garagiste disponible, faire la chasse aux substances interdites et remettre sur pieds avant l'aube le mari infidèle. L'éventail de ses activités est très large, ses horaires à rallonge. Frank ne peut rien refuser ni à son unique client, le Président d'un Club de foot professionnel, ni aux « bénéficiaires » de ses services, les joueurs de ce même club.

Numéro Une

Étrange démonstration que celle proposée par Tonie Marshall. Emmanuelle Blachey, pas encore quarante ans, est une femme comblée. Membre du Comité de direction d'une entreprise industrielle, polytechnicienne, souriante, elle a l'oreille de son patron. Elle seule parle couramment chinois, avantage incomparable pour s'imposer sur un marché stratégique. Cette position suscite quelques jalousies et quelques piques, mais une courtoisie de bon aloi les rend supportables. Certes, Emmanuelle travaille beaucoup, mais elle prend le temps d'accompagner son fils à l'école, de rendre visite à son père hospitalisé et d'embrasser son mari, lui-même très occupé et souvent en déplacement.

Le sens de la fête… et du travail

Plus d'un million de spectateurs quinze jours après sa sortie au cinéma : Le sens de la fête, la nouvelle comédie du duo Eric Tolédano et Olivier Nakache, s'annonce déjà comme un succès populaire. Parmi les ingrédients qui font le bonheur des spectateurs, la volonté d'ancrer le scénario dans la vie réelle - ici les coulisses d'une fête de mariage - est sans doute l'une des meilleures trouvailles. Car si ce film est très drôle, il met aussi en scène toute une comédie du travail aussi profonde que burlesque. Film après film, c'est l'une des forces des réalisateurs que de faire affleurer derrière la mécanique du rire une morale sociale décente. C'est aussi tout l'intérêt du sens de la fête.

Petit paysan

Pierre, 35 ans, plutôt beau gosse, a repris la ferme de ses parents. Il l'exploite seul. Trente vaches laitières, par ordre d'apparition à l'écran Griotte, Verdure, Topaze, Biniou... Sa sœur Pascale est vétérinaire. Une façon de rester proche. Les parents ne sont pas loin. Ils ne lâchent pas vraiment l'affaire, fiers lorsque Pierre annonce qu'il est premier quant à la qualité de son lait, mais sans complaisance lorsqu'ils constatent qu'il est sixième quant à la production. Angélique, la boulangère qui se verrait bien épouser Pierre, complète le tableau.

Baccalauréat

Roméo est un chirurgien réputé. Magda est bibliothécaire. Après la chute des Ceausescu, ils sont rentrés dans leur pays, la Roumanie, pour participer à sa reconstruction, en faire une démocratie prospère et heureuse. Ils ont élevé leur fille unique dans cette petite ville de Transylvanie où ils vivent désormais dans un appartement au rez-de-chaussée d'une résidence typique des années 60, mal entretenue et d'une tristesse infinie

Par |2019-05-16T14:26:42+02:0012 décembre 2016|Mots-clés : , , , , , , , |

« Moi, Daniel Blake », la générosité face à l’absurdité 

« Moi, Daniel Blake » est le vingt-cinquième film de Kenneth Loach. Le cinéaste ne cache pas être politiquement engagé. Quelles sont les leçons politiques de ce film honoré à Cannes par la Palme d'Or, la deuxième pour le Britannique ? C'est ce qu'il faut tenter de comprendre

Les règles du jeu : des gagnants, des perdants

Dans le cadre de son dossier sur l'accompagnement, Metis sort du tiroir l'article de Jean-Marie Bergère sur le film « Les règles du jeu ». Lolita, Kevin, Hamid, Thierry cherchent un emploi. Ils ont une vingtaine d'années, ils habitent Roubaix, n'ont pas de diplôme et très peu d'expérience professionnelle. Ils ont signé un « contrat d'autonomie » et sont guidés dans leur recherche par le cabinet Ingéus. La caméra de Claudine Bories et Patrice Chagnard les a suivis pendant les premiers mois de leur parcours et nous offre avec « Les règles du jeu » une plongée rare et intelligente dans les « réalités du terrain », souvent invoquées et rarement montrées

L’humanisme s’apprend (aussi) en Bulgarie 

The Lesson, de Kristina Grozeva et Petar Valchanov avec Margita Gosheva.Coproduction Bulgarie et Grèce.La Bulgarie n'est pas (hélas) un pays au cinéma aussi riche que son voisin roumain. Et le cinéma, en général, parle assez peu de tolérance avec justesse et intelligence. The Lesson, coproduction gréco-bulgare sortie le 9 septembre dernier, contredit ces deux constats. Un film qui évite les travers du pathos et de la sensiblerie avec une élégance certaine.

Palme d’Or pour le cinéma roumain

Le jury du Festival de Cannes décernait pour la première fois en 2007 la Palme d'Or à un film roumain, « 4 mois, 3 semaines, 2 jours ». Le film de Cristian Mungiu, primé également aux Golden Globes et à l'European Film Awards est l'histoire de deux amies étudiantes, Otilia et Gabita, dont l'une cherche à avorter malgré la sanction pénale encourue dans les dernières années du règne de Ceausescu 

Par |2019-05-16T14:19:05+02:0016 novembre 2013|Mots-clés : , , , |
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