3 minutes de lecture

henri

Après un an de sarkozysme, encore que ce ne soit pas simple de pouvoir prétendre qu’on en a fait le tour, on en vient à regretter le bon vieux temps des godillots.

Il semble bien en effet que la Présidence de la République comme le gouvernement, aient plus de difficultés avec leur majorité qu’avec l’opposition politique, laquelle a trop d’affaires internes à régler pour s’occuper d’eux. Pourtant, à ne s’en tenir qu’à l’action gouvernementale dans la manière de mener les relations sociales, le bilan n’est pas totalement négatif. Les régimes spéciaux n’ont pas fait du syndicalisme des entreprises concernées un perdant en rase campagne et les salariés y ont trouvé de réelles contreparties. Tout le monde y a mis du sien, y compris la Direction de la CGT, dans le cas d’espèce, interlocutrice privilégiée.

En matière de valorisation des corps intermédiaires patronaux et syndicaux, la négociation sur le marché du travail et de l’emploi a fait son chemin. La détermination du gouvernement en matière de réforme aura sûrement joué son rôle, comme d’ailleurs le « pourrissement – mûrissement » des problèmes, conduisant patrons et syndicalistes à partager la conviction d’une obligation de résultat. La représentativité numérique a franchi une étape et l’accord majoritaire, quand bien même trop différé dans le temps, constitue bel et bien une mise en mouvement. Les retraites restent le gros morceau, mais le problème des seniors, cette fois inéluctablement posé par le biais des coûts et celui de la pénibilité, peut peut-être offrir des contreparties au couperet des 41 ans.

Notre réforme des relations sociales est encore trop balbutiante pour mériter cela. Un parcours sur un an qu’il n’y a pas lieu de diaboliser en matière de relations sociales, du moins jusqu’à tout récemment, via la poussée d’adrénaline délirante des activistes libéraux de la majorité, dont l’allergie aux 35 heures fait perdre le sens des réalités. Les relations sociales telles qu’elles se sont mises en mouvement auraient mérité que les « jusqu’auboutistes » de l’UMP se contiennent.

Faut-il leur rappeler qu’en toute cohérence avec eux mêmes, ils auraient beaucoup mieux fait de s’en tenir à la loi de janvier 2007 et de proposer aux patronats et aux syndicats d’ouvrir la négociation sur ce sujet plutôt que de procéder à grands cris pour préparer un coup « en catimini ». Comment mieux qu’en procédant de la sorte réveiller la défiance ancestrale vis-à-vis de la droite et toutes les crispations syndicales correspondantes. La mise en mouvement de notre réforme des relations sociales est encore trop balbutiante pour mériter cela.

Contourner les 35 heures ? L’article « sens du travail : la singularité française » montre qu’il reste bien des préalables à régler avant que les salariés n’en soient demandeurs. Cette exception française en Europe dure, encore faudrait-il tenir compte des raisons qui la fondent.

Une toute autre déréglementation s’opère, l’ouverture à la concurrence du secteur public. « L’histoire d’une privatisation criminelle » vaut vraiment le détour. Un témoignage qui révèle, une fois de plus, l’ampleur des dégâts que peut déclencher un capitalisme financier débridé, en l’absence de règles, de contrôle et de contre pouvoirs suffisants.

Print Friendly, PDF & Email
+ posts