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Triomphe article

En affirmant à la télévision que « le social doit rester national », le President Sarkozy a sans doute voulu rassurer certains Français que l’Europe inquiète au moins autant qu’elle les rassure. Déjà, nombre de ses ministres s’emploient à vouloir expliquer que ce qui est dit à Paris n’est pas forcément valable à Bruxelles. Et pourtant, le premier signal de la présidence française de l’Union est le pire que l’on pouvait attendre. Ce faisant, nous voilà au cœur du sujet. Peut-on continuer à jouer avec l’Europe et ses enjeux de cette manière contribuant ainsi à décrédibiliser chaque fois un peu plus l’ambition communautaire ?

Il est vrai que celle-ci en matière sociale est sans cesse revue à la baisse. Et ce ne sont pas trois projets de directive – sur les CE européens, sur le temps de travail et sur l’intérim – qui renverseront la tendance. La Commission avait prévu de faire une communication d’ampleur sur les restructurations et qui devait aller jusqu’à une sorte de code de conduite européen en la matière. On s’était pris à rêver. Mais ce projet a été écarté, faute de consensus politique. L’on devait aussi poser les bases juridiques des accords collectifs européens et transnationaux, l’on se replie sur la nomination d’un groupe d’experts. Et l’on pourrait multiplier les exemples. La tendance est à la baisse généralisée de l’ambition sociale et de ce point de vue le président français est finalement à l’unisson de bien des ses pairs. Alors qu’on aurait pu attendre que la France ose ramer à contre courant…

Le social ne peut plus rester national

D’autant que la globalisation n’a cessé de gagner. La question n’est plus du tout si on est pour ou contre, mais comment faire avec, comment éventuellement pouvoir la maîtriser ou du moins l’influencer. Ce sont aujourd’hui plusieurs dizaines de millions de salariés européens qui travaillent pour ou dans des groupes de dimension transnationale tant du point de vue de leur implantation, de leurs marchés que de la « nationalité » des leurs. En France, comme chez la plupart de nos voisins, la crise du syndicalisme va de pair avec la mondialisation et ses effets : transformation du salariat, du périmètre et de l’organisation des entreprises, crise profonde des branches… Les interactions sont multiples, les solidarités – à créer ! – aussi. Y compris en matière de retraites où nous n’échapperons pas à une réflexion sur les mécanismes de solidarité au moins européens en la matière. Bref, le social ne peut plus rester national. Cette vision du passé, et au moins aussi anti économique que peu « sociale », ne peut qu’alimenter le délitement des protections. Il est plus que temps de réinventer, anciens et nouveaux venus dans le club européen, une ambition sociale communautaire.

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