Dans un précédent édito, Metis vous invitait à résister au pessimisme ! Après le Brexit et autres joyeusetés d’ici ou d’ailleurs, voilà que nos cousins américains nous infligent le « T » – test ! Mercredi dernier, nous avons été nombreux à ne pas y croire. Comment un individu sexiste, raciste, homophobe, tricheur, menteur, grotesque et j’en passe, a-t-il pu accéder à la présidence des USA ? Incroyable mais vrai. Tristement vrai même s’il faut faire la part entre faire campagne et gouverner. Que faire ?
Comme certains d’entre vous, j’ai découvert l’article que Michael Moore avait écrit en juillet dernier où il expliquait, à l’encontre de bien de ses fans, les cinq raisons pour lesquelles Donald le méchant allait vaincre. Pour celles et ceux qui ne l’ont pas encore lu, jetez y un œil. La précision, a posteriori, est saisissante. Et plus que convaincante.
Faut-il encore s’en étonner ? On nous avait déjà fait le coup du Brexit qui ne passerait pas. On a vu. Du FN qui resterait contenu. Là encore, on a vu ? De l’Est, de la Pologne, de la Hongrie, pour ne pas parler de la Russie ou de la Turquie, qui allait adhérer à nos valeurs. Vous voyez toujours ?
Le sentiment d’être menacé, à tort ou à raison, voilà la menace. Fin de la suprématie de l’homme blanc, fin de sociétés mono-culturelles ou prétendues telles, fin de l’ère industrielle, fin d’une mondialisation prétendument heureuse : ces retournements ne trouvent aujourd’hui pas de réponse autre que celles de sécurités et de murs en tous genres. Mais à quoi sert-il de dénoncer leur vacuité si d’autres réponses, attractives et crédibles, ne sont pas forgées ?
Nous avons été terriblement touchés par la violence fondamentaliste alimentée par des utopies qui prétendent nous purifier. Et ce, alors qu’elles n’ont fait que détruire. Détruire des hommes, des femmes, des cultures et toutes sortes de liens qui permettaient, tant bien que mal, à des communautés de vivre ensemble. Mais si ces utopies prolifèrent, notamment en Europe, c’est bien qu’elles ne trouvent face à elles que de l’eau tiède. Que des accommodements en forme de renoncements. Le logiciel néolibéral a montré les dégâts dont il était capable. Le problème c’est que la seule proposition du côté social-démocrate a été de les limiter. Et que celle-ci a atteint justement ses limites. Quant au côté écolo, nous fait-il encore rêver ?
Il est donc plus que temps de nous réveiller. Pas pour nous lamenter. Pour résister. Mais à quoi ? A tout ce qui nous tire vers le bas sans doute. Mais aussi à nous-mêmes et à notre arrogance, celle qui nous amène trop souvent à sous-estimer, négliger, mépriser. Ce serait déjà pas mal. Mais ce n’est évidemment pas suffisant. Mais résister aujourd’hui c’est regarder vers le haut, c’est plus que jamais imaginer, créer, tisser, construire. Pour redonner du sens à l’humanité. Pour faire vivre en elle cette valeur qui fonde notre République, la fraternité. Bref résister, c’est s’engager.
Il nous reste donc à passer un cap. A nous dépasser en quelque sorte pour surmonter des pulsions, les nôtres et celles des autres, souvent bien délétères. C’est le grand défi de notre temps, loin du galimatias des primaires de droite ou de gauche, loin du relooking des vieilles recettes, des propositions qui n’ont plus rien à voir avec l’état du monde et de ses transformations.
Volontarisme que tout cela ? Non. Le succès des Sanders et autres Corbyn, celui des millions d’initiatives et d’innovations qui parcourent le monde montrent que l’aspiration au meilleur est possible. Reste à leur donner une traduction politique crédible, et donc à faire le ménage, dans nos représentations comme chez nos représentants. Cela dépend d’abord de nous. N’attendons pas des autres qu’ils fassent à notre place. Engageons-nous nous si nous voulons que l’horizon se dégage. Et que d’autres dégagent.
PS: il n’y a pas que la victoire de Donald T qui nous laisse un goût amer. Il y a aussi la disparition de Leonard Cohen. Hallelujah envers et contre tout !
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