Pologne : les leçons de l’histoire

Le livre Nous Avons fait galoper l'histoire. Confessions d'un cavalier usé de Karol Modzelewski a été publié en Pologne en 2013. Une traduction, préfacée par Bernard Guetta, vient de paraitre en France aux éditions Maison des Sciences de L'homme. C'est le livre d'un homme engagé et sincère qui confie ses interrogations mais c'est aussi l'analyse d'un historien. Il dit beaucoup de la Pologne d'hier et d'aujourd'hui.

Mai 68, et après

(Extraits de mon Journal, écrit en 2004)« Premiers jours de mai : à la Sorbonne, dans l'amphithéâtre Descartes et ses hauts gradins, je me sentais loin. J'avais été à quelques manifestations, mais plutôt sur les marges, comme hésitante à me fondre dans la foule. Pourquoi ? En y réfléchissant aujourd'hui, je ne sais pas. Peut-être les élèves, des filles uniquement, de la Khâgne de Jules Ferry, n'étaient-elles pas très faciles à mobiliser. Celles avec qui j'avais participé aux "Comités Vietnam de base" étaient communistes donc assez méfiantes quant à cette drôle de révolte estudiantine vite qualifiée de "petite-bourgeoise". C'est venu après.(...)

Révolution ?

Ce qui se passe en France depuis l'élection d'Emmanuel Macron n'est pas ordinaire. Il n'est pas anodin qu'à ce jour face aux sirènes des « exit » et autres trumpismes, face aux tentations autoritaires qui parcourent l'Europe centrale, notre pays ait donné sa chance à une aventure différente. Car, au-delà d'un pari gagné par un homme audacieux et qui a bénéficié d'un incroyable concours de circonstances, au-delà d'une combinaison droite et gauche - avec un avantage plutôt net à la droite -, au-delà d'un changement de génération, celle-ci recèle un formidable potentiel: celui de faire de la politique autrement, en France et en Europe.

Revenu universel ou comment reformuler la question sociale

Chômage de masse persistant et segmentation du marché du travail, déstructuration des corps intermédiaires et délégitimation de la classe politique, mise en cause des modes d'intégration et panne de l'ascenseur social, primat de l'individu sur le collectif et précarité de la règle commune, divisions accentuées de l'espace de vie - habitat, écoles, loisirs, - que certains ont qualifié d'apartheid etc. : notre vivre ensemble ne va plus de soi et ce qui fait société est profondément remis en question. Si les Français ne sont pas seuls à partager ces questions, elles atteignent chez nous une sorte d'intensité, voire un paroxysme, qui étonne voire effraie nos voisins. La colère qui gronde pourrait bien être dévastatrice. C'est dans ce contexte tumultueux que Benoît Hamon s'est fait le héraut du revenu universel