Avec un principe de réalité mis à l’œuvre par des réformes tous azimuts, l’année 2007 n’aura été qu’une mise en jambe. L’agenda 2008 – de la poursuite des réformes sur les régimes spéciaux aux élections prud’hommales en décembre, en passant par les retraites, la représentativité et le service minimum – ne va pas manquer de booster notre triptyque social patronats, syndicats, pouvoirs publics.
Les grèves du 22 janvier prévues pour accompagner la négociation des régimes spéciaux, comme celles du 24 janvier des fonctionnaires, vont être les premiers tests de combativité de l’année, sur toile de fond de pouvoir d’achat et d’angoisse collective encore sous-jacente de ce que nous réserve la crise financière mondiale.
Ne va pas manquer la mise à l’épreuve des capacités patronales, syndicales et gouvernementales à réellement se concerter et négocier.
Plus exposé que les deux autres, le gouvernement n’est pas sans avoir hautement besoin des interlocuteurs patronaux et syndicaux. Les capacités de régulation sociale du syndicalisme salarié sont loin d’être négligeables lors de situations hexagonales ou planétaires pour le moins imprévisibles.
Les synergies intersyndicales plus importantes que jamais
Que peut-on dire de l’état des lieux patronaux et syndicaux à l’abord de cette année 2008 ?
On peut, partant de « l’accord sur la modernisation du marché de l’emploi », faire un premier constat. Patronats et syndicats ont senti passer le vent du boulet de leur mise en responsabilité en se fixant une obligation de résultats. C’est même l’apport essentiel de cet accord, dans ce qu’il révèle de la nouveauté des comportements syndicaux dont, entre autres, celui de la CGT, analysé ici par Pierre Tartakowsky. Lors de la négociation, les synergies intersyndicales confédérales ont été beaucoup plus étroites que par le passé.
Enfin, l’aboutissement à la signature des quatre et à la non signature de la CGT s’est fait sans les habituelles désignations à la vindicte des uns aux autres. Quelque chose d’une unité syndicale lors des négociations comme dans l’après négociation s’est manifestée. Elle a autant d’importance pour les relations intersyndicales que pour son impact dans l’opinion publique. L’image du syndicalisme, qui n’est pas sans lien avec l’idée que se fait le salariat de sa représentativité, y aura incontestablement gagné des points. Certes viendront au cours de l’année quelques problèmes qui pourront exacerber les particularismes de chapelle, mais là encore, la contrainte de représentativité faite au syndicalisme par l’opinion renverra chacun à faire preuve de réalisme.
Les couleuvres à avaler côté patronal
D’une certaine manière, notre syndicalisme tire plutôt bien son épingle du jeu de la situation qu’on lui fait. À force d’être vilipendé sur sa représentativité, il a fini par en intégrer la réalité. Une notion fondamentale que ne se sont pas encore appropriés les patronats et que la rigueur des contraintes à venir va faire éclater au grand jour. Les couleuvres à avaler côté patronal ne seront pas moindres que celles auxquelles est confronté le syndicalisme.
Le lobbying parlementaire qui constitue l’essentiel de sa pratique n’y suffira pas. L’hétérogénéité patronale va en effet bien au-delà de ce qu’en révèle l’affaire de l’UIMM. Notre tissu industriel est clivé depuis sa naissance entre gros et petits. A l’inverse de l’Allemagne, les petits ne deviennent jamais des entreprises moyennes, sans se faire absorber par les gros. Cela en dit long sur l’aptitude patronale à assumer l’intérêt général des entreprises et de ses mandants.
Au regard de ce qui nous attend, le syndicalisme français, que l’on a accusé de tous les maux de nos rigidités, va se trouver beaucoup moins seul à en assumer la responsabilité.
Les patronats vont en 2008 être au pied du mur de beaucoup de ré-interrogations drastiques, auxquelles ils ne sont que très peu préparés. Indépendamment de l’art gouvernemental de mener les choses, c’est en patronats qu’il y a les acteurs le plus branlants de notre triptyque social. Bonne année à Madame Parisot.
Henri Vacquin
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