Quand le langage nous travaille : de la langue de bois à la langue de coton

Cela fait bientôt quatre siècles, depuis l'an 1625 exactement, que nos gouvernants et chefs d'entreprise nous échauffent ou nous refroidissent avec la réforme. Mais cela va beaucoup mieux depuis que j'ai appris, grâce à l'opuscule de Pierre Jullien, que ce mot signifie « le rétablissement de l'ancienne discipline dans une maison religieuse ». Comme par ailleurs, il m'indique que le verbe « réformer », dérivé du latin reformare, signifiait au XIIe siècle « rendre à sa première forme », « ramener à sa forme primitive », je comprends mieux qu'à force de « réformer » le Code du travail, on va finir par rétablir les rapports sociaux dans l'état où ils étaient avant l'invention du bienheureux salariat.

Le travail, parlons-en !

Le dossier de Metis Travail et langage évoque à la fois le rôle du langage, et des langues, dans le travail, mais aussi les mots et les manières de parler du travail. En 2017, la CFDT a titré « Parlons-travail » sa grande enquête. D'où la reprise de cet article de Jean-Marie Bergère publié en 2013, qui n'a rien perdu de son actualité et témoigne de ce qu'il n'est pas si facile de parler du travail :

Tu m’envoies un petit mail ?

Ou de l'importance du langage dans le travail.Tous les jours, et dans la plupart des activités professionnelles, nous recevons et envoyons quantité de messages. Plus exactement nous lisons et écrivons. Circulent ainsi des messages écrits, avec ou sans faute d'orthographe, en style plus ou moins « télégraphique », comme on disait à l'époque du télégraphe.

Évaluation des services : de la « qualité » à la « pertinence située »

La définition des services comme la mise à disposition temporaire d'un bien, d'un équipement ou d'une compétence n'est pas fausse. Elle omet cependant l'essentiel. La valeur des services n'est pas décrite seulement dans le Quoi (l'exécution d'une tâche), mais dans le Pourquoi (de l'activité). On parle des services de qualité ou de qualité des services. De qualité relationnelle, de diversité, de modularité ou d'adaptabilité. Dans la réalité de ses usages, ce concept est transposé des pratiques d'évaluation des productions matérielles et des produits tangibles. Il est insuffisant et porteur d'effets contre-productifs dans les services et tout particulièrement pour la valorisation du travail. Il faut apprendre à évaluer les services avec un autre vocable, celui de « pertinence située ».

Vous faites quoi dans la vie ?

Savez-vous qu'une paludière commence sa journée en souhaitant « bien le bonjour » au couple de cygnes qui l'attend chaque matin ? Jean-Marie Bergère revient sur ces récits de travails, racontés de façon minutieuse et touchante à la première personne, que Patrice Bride et Pierre Madiot nous offrent dans leur livre Vous Faites quoi dans la vie ?

Le sens de la fête… et du travail

Plus d'un million de spectateurs quinze jours après sa sortie au cinéma : Le sens de la fête, la nouvelle comédie du duo Eric Tolédano et Olivier Nakache, s'annonce déjà comme un succès populaire. Parmi les ingrédients qui font le bonheur des spectateurs, la volonté d'ancrer le scénario dans la vie réelle - ici les coulisses d'une fête de mariage - est sans doute l'une des meilleures trouvailles. Car si ce film est très drôle, il met aussi en scène toute une comédie du travail aussi profonde que burlesque. Film après film, c'est l'une des forces des réalisateurs que de faire affleurer derrière la mécanique du rire une morale sociale décente. C'est aussi tout l'intérêt du sens de la fête.

Travailler le dimanche ?

Longtemps je n'ai pas aimé les dimanches. Alors je me suis mise à travailler : ça va beaucoup mieux. Le travail le dimanche se banalise : les consommateurs, amateurs de restaurants, bricoleurs ou jardiniers, cinéphiles, touristes, y trouvent leur compte. D'autres en sont pénalisés et en souffrent. Le livre de Jean-Yves Boulin et Laurent Lesnard, Les batailles du dimanche, montre quelles inégalités se dessinent, qui utilise son dimanche et comment. L'histoire de cette journée particulière y tient aussi toute sa place.

Repenser la formation, repenser le travail

Alors qu'une nouvelle réforme de la formation professionnelle est annoncée, l'AFPA, le CNAM et la revue Éducation permanente organisaient le 14 septembre une journée d'étude « Analyses du travail et intentions formatives ». Car la formation se pense. Car les stages et les bancs de l'école ne font pas tout. Car on peut apprendre, mais aussi désapprendre en situation de travail. Car les entreprises doivent faire confiance en l'expertise de leurs salariés. Jean-Marie Bergère a assisté à cette journée et y retourne dans ce papier pour les lecteurs de Metis.

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