Quand le langage nous travaille : de la langue de bois à la langue de coton

Cela fait bientôt quatre siècles, depuis l'an 1625 exactement, que nos gouvernants et chefs d'entreprise nous échauffent ou nous refroidissent avec la réforme. Mais cela va beaucoup mieux depuis que j'ai appris, grâce à l'opuscule de Pierre Jullien, que ce mot signifie « le rétablissement de l'ancienne discipline dans une maison religieuse ». Comme par ailleurs, il m'indique que le verbe « réformer », dérivé du latin reformare, signifiait au XIIe siècle « rendre à sa première forme », « ramener à sa forme primitive », je comprends mieux qu'à force de « réformer » le Code du travail, on va finir par rétablir les rapports sociaux dans l'état où ils étaient avant l'invention du bienheureux salariat.

Ordonnances Travail : la fusion des IRP est une réforme progressiste

J'ai conscience du caractère provocateur du titre de cet article, alors que beaucoup envisagent le pire à la suite de la publication des ordonnances Travail, concernant la fusion des instances (DP, CHSCT et CE). Je crois au contraire que cette fusion au sein d'une instance unique, le « comité social et économique » (CSE) constitue une réforme progressiste, une nouvelle solution mutuellement gagnante pour les salariés, pour leurs représentants et pour les entreprises.

Par |2019-04-30T13:50:27+02:0011 novembre 2017|Mots-clés : , , , , , , , , , , |

Pour une codétermination à la française

Comment donner davantage de poids à la parole des salariés dans nos entreprises et nos administrations ? Cette question n'est traitée qu'à la marge par les cinq ordonnances Travail qui occupent l'actualité du moment. Pourtant, il faut répondre à la réelle soif d'implication des salariés tout en veillant à ce que notre dialogue social produise davantage de progrès tangibles. Voici cinq pistes de réflexion pour déboucher, peut-être, sur la construction d'une codétermination à la française.

Démocratiser l’entreprise ou le travail ?

Il existe deux approches ou deux traditions pour aborder la problématique de la démocratie dans le monde du travail. La première, que j'appelle l'approche institutionnelle, passe par la loi et s'impose par sa verticalité descendante. Elle veut démocratiser l'entreprise. La seconde, l'approche terrain, s'exprime dans la pratique des acteurs sociaux et cherche les moyens de donner davantage de parole et de latitude décisionnelle à ceux qui sont engagés dans les collectifs de travail. Elle veut démocratiser le travail. C'est dans cette seconde tradition que s'ancre le livre de Michel Sailly, Démocratiser le travail, qui vient de paraître aux Editions de l'Atelier.

Développement durable, croissance et emploi : pourquoi Trump se trompe ?

Le 1er juin 2017, Donald Trump a officialisé la décision promise lors de sa campagne électorale en annonçant le retrait des États-Unis de l'Accord de Paris sur la maîtrise du risque climatique (également nommé COP21) signé en décembre 2015, puis ratifié par 146 Etats... dont les Etats-Unis. Cette décision s'ancre dans le vieux paradigme qui oppose les enjeux environnementaux aux enjeux économiques et sociaux, alors même que l'approche de développement durable menée par les entreprises (américaines ou non) consiste à rechercher la convergence de ces enjeux. Je propose dans cet article cinq voies de progrès pour celles qui souhaitent s'inscrire dans cette convergence.

Pro bono : tocade managériale ou nouvelle forme d’engagement ?

Le développement du pro bono (mécénat de compétences d'entreprise) répond à des besoins de fond. Il est là pour durer, et ce pour quatre raisons : il répond à la demande exprimée par les salariés, à celle des entreprises, au désengagement de l'Etat et au besoin d'ancrage des politiques RSE dans le corps social. Et cependant, des questions clés restent en suspens à ce jour...

Le travail des fonctionnaires : 7 idées reçues remises en place

Nous sortons d'une campagne électorale qui a opposé, à droite ceux qui s'affrontaient sur la base du nombre d'emplois de fonctionnaires à supprimer et à gauche les partisans de l'Etat providence en termes de création d'emplois publics. Dans les deux cas, les « mieux-disants » l'ont emporté dans leur primaire respective. Mais cela ne leur a pas réussi dans la confrontation réelle, celle du premier tour de cette élection présidentielle. Peut-être les électeurs ont-ils perçu que le nombre d'emplois ne faisait rien à l'affaire, alors que les candidats se sont tenus à l'écart de la vraie question : le travail des fonctionnaires

QVT et collectifs « heureux » : le rôle du manager

La QVT qu'est ce que c'est ? Qu'est-ce qui pousse les dirigeants à s'en emparer ? Et pourquoi ne pas aller vers l'entreprise libérée ? Les collectifs sont-ils morts ? Dans un entretien croisé, une conversation entre Yves Grasset, sociologue du travail et auteur de Nourrir le collectif - sortir de l'individualisation pour sauver le travail et Martin Richer spécialiste de la Responsabilité Sociale des Entreprises et co-auteur du rapport Qualité de vie au travail : un levier de compétitivité, ces questions vont trouver réponse... et le manager sa juste place

Emplois exposés ou abrités : 2 France, 3 Europe

Le paysage est bien balisé. Nous aurions d'un côté une France des emplois exposés ; celle qui aspire au grand large, à la compétitivité et à l'agilité. Et de l'autre côté, une France des emplois abrités ; celle des biens impropres aux échanges internationaux, celle des services de proximité, des terroirs assoupis et des assistés insatiables. Le populisme social a tôt fait d'opposer ces deux France. Mais en fait, cette coexistence repose davantage sur un modèle de complémentarité que sur une opposition. Ces deux France sont étroitement imbriquées et chacune peut mettre en avant son utilité sociale

Dialogue social : sortir du formalisme !

En France - avec la loi Travail - comme dans la plupart des pays d'Europe, la tendance est au déplacement du centre de gravité de la négociation collective vers l'entreprise, au détriment des branches et du niveau interprofessionnel. Beaucoup ont déploré cette évolution en arguant de l'indéniable faiblesse des implantations syndicales dans les entreprises. Pourtant, une autre approche consiste à prendre le contrepied en se posant la question des conditions à réunir pour renforcer les acteurs de la négociation d'entreprise. Ce renforcement est moins une question de moyens qu'une question de posture. Les leçons des études européennes :

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